Minervois la Liviniere un vignoble à l’honneur

Dans un très bel article sur l’appellation paru le 17 octobre , Ecce Vino parle de nous :

Château Sainte-Eulalie

Pour accéder à Château Sainte-Eulalie depuis le village de La Livinière, il faut emprunter la route qui monte vers Ferrals-les-Montagnes, puis la quitter pour un petit chemin de terre entouré de pins et de garrigue. A cette nature spontanée succède l’alignement bien ordonné des vignes du domaine, qui préfigure en quelque sorte la belle tenue, pour ne pas dire l’élégance incarnée par ses vins. Installés en 1996, Isabelle et Laurent Coustal ont été sensibles à la quiétude que l’endroit inspire, mais pas seulement, car le terroir est ici très typé par le calcaire qui y abonde en parsemant les vignes d’émergences caillouteuses. Malgré une apparence aride, ces sols dits basiques ou alcalins sont propices à procurer de l’acidité aux vins qu’ils engendrent. Ce qui est bien le cas ici où cette roche les modèle avantageusement au bénéfice de leur équilibre et de leur fraîcheur, des qualités auxquelles s’ajoute l’expressivité consécutive à une maturité tardive des raisins à l’endroit du domaine.

A Sainte-Eulalie, le cru La Livinière est particulièrement choyé, puisque près de la moitié de ses 33 ha en vignes est consacrée à La Cantilène, de ce fait sa cuvée emblématique. La syrah domine sa composition, à parité avec une proportion formée de grenache et de carignan. Accompagnant la reconnaissance du cru, elle est produite depuis 1997 suivant un mode d’élaboration où l’élevage en fût est primordial. Conduit avec beaucoup de discernement, cet affinage dans le bois est pour beaucoup dans l’épanouissement de sa texture, muant sa matière en un appréciable filet juteux, et procurant incidemment de la complexité au fruit et du soyeux à sa structure. Tel se livre un tout jeune 2019. Ainsi que j’ai pu l’apprécier à travers plusieurs millésimes, La Cantilène obéit foncièrement à ce phrasé avec, comme il se doit, les variations inhérentes à son âge et au caractère de chaque année. A l’avantage de sa forte identité, peu changements techniques ont été opérés au fil du temps. Fraîcheur de constitution, flaveurs vibrantes et tanins fins rassemblent dès lors des millésimes aussi distants que 2001 et 2019, et entre lesquels un 2008 et un 2013 se distinguent par de mêmes qualités.

Rebaptisé Bellezour Anima – l’âme encore plus belle – l’ex- Grand Vin est son autre cuvée en Minervois La Livinière, singulière à plus d’un titre. Produite en faible quantité, elle est issue des plus vieilles vignes de chaque cépage qui la compose, dont des carignans plus que centenaires, puisque plantés en 1910. Ainsi, les grenaches dépassent les trois-quarts de siècle et les syrahs sont peu ou prou cinquantenaires. Très originale, sa conception est probablement unique sur le cru, à savoir qu’elle résulte d’un élevage en cuve très écourté au profit d’un long séjour en bouteille, jusqu’à satisfaire la période exigée avant sa commercialisation. Apprécié à l’aube de son évolution et encore peu disert, son 2020 dévoile un style bien distinct de celui de La Cantilène, avec des qualités de corps distinctes et encore accrus, exprimées de surcroît dans toute leur intégrité. En cela, le faible rendement et l’essence de vignes globalement très âgées fondent sa richesse de sève et sa finesse de texture. Malgré l’absence de contenants censés le peaufiner, il n’est en rien perçu comme une matière brute, l’élégance et le naturel s’y alliant avec bonheur.

Bellezour Anima 2020

Dans un concert de distinction, le nez exprime une fraîcheur de sève qui se détaille en senteurs subtiles d’épices douces, de violette et d’olive noire.
Profilée tout en amplitude, la bouche voit sa fine matière s’écouler en méandres juteuses d’où émanent des saveurs intenses dans l’ordre des arômes, sur un accent légèrement réglissé. Soyeux et délicats, les tanins concourent à l’harmonie d’ensemble.

La Cantilène 2019

Bien expressif, le nez diffuse une large variations de senteurs harmonisées et sans cesse renouvelées, assimilables à de l’épice douce, du noyau d’olive, de la pâte de fruit, une douceur florale …
Ample et fine de corps, la bouche est au surplus servie par une texture tout en relief et d’un toucher raffiné. Ce cadre avantage l’expression d’un fruit intense dont l’agrément inspire de la suavité et résulte d’un mariage accompli des arômes qui s’y transposent. Des tanins discrets couronnent à merveille ce bien beau tableau.


 

 

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